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Christelle Kahla - Crime passionnel

9 juillet 2022 → 1er octobre 2022

À propos

[…] Christelle Kahla occupe l’étage du haut, le bel étage : la salle de bal et une chambre annexe munie de sa salle de bains. À l’intérieur de ces deux espaces, elle a créé un huis clos, un décor surchargé d’éléments symboliques, comme des artifices théâtraux, où un personnage féminin semble avoir infusé l’espace, un personnage plus emblématique que charismatique, qui illustre son genre plus que sa personne réelle. […]

S. Y.
Artiste
Christelle Kahla
Curateur
Café des Glaces
Dates
9 juillet 2022 →
1er octobre 2022
Texte d'exposition
Sophie Yerly

Christelle Kahla

Christelle Kahla est née en 1994 à Morges, en Suisse. Elle vit et travaille à Lausanne. En 2017, elle obtient un Bachelor en Arts Visuels à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne et poursuit ensuite sesétudes à l’Institut Kunst Gender Natur à Bâle, où elle obtient un Master en Arts Visuels en 2019. Son travail est régulièrement présenté dans des expositions personnelles et collectives en Suisse et à l’étranger (Café des Glaces, Tonnerre ; A.ROMY, Zürich ; Kunsthalle Palazzo Liestal, Warenlift, Zürich ; Standard/deluxe,Lausanne ; Ribordy Thétaz, Genève ; Museum im Bellpark, Kriens ; Lokal-int, Bienne ; Lage Egal, Berlin ;Kunsthaus Baselland, Muttenz ; Jungkunst, Winthertur ; ECAL, Renens ; Villa Moyard, Morges). En 2022, elle obtient une bourse du Canton de Vaud pour résider six mois à l’atelier vaudois du700ème à la Cité internationale des arts de Paris.

Texte de l'exposition

Nature morte

Le crime passionnel n’existe pas. C’est une invention. En France, le terme crime passionnel n’a aucune réalité juridique. Je lis qu’au XIXe siècle, la presse se délecte des crimes et qu’elle se plaît à les raconter sous forme de feuilletons, comme s’il s’agissait d’épisodes d’une série fictionnelle. Les meurtres de femmes par leur mari sont dès lors présentés comme les conséquences de passions amoureuses destructrices. Un scénario permettant d’évacuer la réalité du crime pour le transformer en histoire d’amour tragique et ainsi basculer tristement dans une fiction.

Dans Crime passionnel de Christelle Kahla, le scénario se déroule dans la ville de Tonnerre, au lieu-dit Café des Glaces. Dans une autre vie, Tonnerre a eu une période faste, le bâtiment en est témoin. Sa salle de bal facettée de miroirs, ses chambres accompagnées de ses salles d’eau privatives, son café au rez-de-chaussée. On est quand même assez loin de la France d'Amélie Poulain et plus près de celle de Retour à Reims. La période est celle de Thomson, du magnétoscope et de sa chute à l’arrivée du CD, et ensuite, fatalement, d’internet.

Au Café des Glaces donc, Christelle Kahla occupe l’étage du haut, le bel étage : la salle de bal et une chambre annexe munie de sa salle de bains. À l’intérieur de ces deux espaces, elle a créé un huis clos, un décor surchargé d’éléments symboliques, comme des artifices théâtraux, où un personnage féminin semble avoir infusé l’espace, un personnage plus emblématique que charismatique, qui illustre son genre plus que sa personne réelle. Ce « elle » suggéré par ses traces est relégué au statut d’image fantomatique.

L’intrigue se joue donc sur ce personnage, attiré par le reflet de la surface, qui semble fantasmer son identité, se modeler, se transformer, se défaire à travers les gestes du désir, de l’aliénation et de la quête éperdue de sentiments : un personnage qui meurt de n’être pas vu ou d’être mal vu ou encore de vouloir être l’image de l’être aimé. Le regard de l’autre, alors, devient potentiellement l’arme du crime.  

Dans le scénario de Kahla, ce n’est pas tant le spectateur qui voit le personnage que ce dernier qui se montre à lui et s’exhibe. Il n’est pas en position de voyeur puisque ce qu’il découvre est un être déjà en train de guetter son regard. Il ne peut dès lors que se faire expert scientifique. Il lui faut passer la scène au démaquillant pour poser le regard, s’en tenir aux faits, et éviter les conclusions hâtives.

Ce que l’on peut dire, c’est que la peinture de Christelle Kahla est un travail dans l’atelier complété par des interventions in situ. Elle utilise généralement la technique du spray et, plus récemment, pour le Café des Glaces, du maquillage. La technique est laborieuse, précise, propre et ne laisse que peu de place à l’improvisation. Préméditée concluraient les experts. Pour Crime Passionnel elle assemble et organise en une entité plastique un groupe d'objets, qu’elle charge en les sprayant – d'une palette limitée à un rose éclatant et à un noir charbonneux – d’allusions féminines, BDSM et ornementales.

Elle superpose les objets et pulvérise la couleur à l’aérographe sur leurs surfaces, créant des entrelacements et des alternances qui, par endroit, virent à l’abstraction. Les objets représentés conservent certes leur symbolique mais l'aspect esthétique de la peinture prend une importance primordiale. L’espace devient une nature morte à taille réelle dans laquelle l’artiste prouve son habileté.

À l'aide du spray, ainsi que de pochoirs fabriqués à partir de divers objets, Kahla crée un effet rappelant des photogrammes, images photographiques produites sans appareil photo en plaçant des objets sur du papier photosensible et l’en l’exposant à la lumière.  

Que ce soit par une série de rideaux monumentaux, de miroirs faussement tagués au rouge à lèvres, ou encore par des sous-vêtements surimprimés sur d’autre objets, Kahla semble prendre un plaisir à pousser les objets les uns contre les autres, à forcer leur contact, leur attachement comme pour épuiser leurs formes.

Crime Passionnel
n’a qu’un seul but : approfondir la superficialité par le biais de la superficialité. Creuser par le jeu des évocations, du collage, de la juxtaposition, un fond d’images auquel le scénario fait appel. Ne pas recourir à autre chose que la surface, pour montrer la surface.

Sophie Yerly - Juin 2022
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